Miami Vice – Deux Flics à Miami

 

Un film de Michael Mann

 

Avec Jamie Foxx, Colin Farrell, Gong Li, John Ortiz, Naomie Harris, Isaac de Bankolé

 

On ne présente plus Michael Mann, cinéaste passé à la postérité avec ses dernières œuvres, du Dernier des Mohicans, où il sublimait Daniel Day-Lewis, en passant par The Insider (Révélations), Heat, Ali ou plus récemment Collateral, première collaboration avec Tom Cruise.

 

C’est un retour « aux sources » qu’effectue Mann avec Miami Vice, adaptation de la célèbre série télévisée des années 80, dont il fût notamment l’un des auteurs.

 

Un œil fidèle donc à la série originelle, avec le brio du cinéaste.

 

Ricardo Tubbs est incarné ici par Jamie Foxx (Collateral, Ray) et Sonny Crockett par Collin Farell (Tigerland, Le Nouveau Monde), un duo qui fonctionne à merveille. Sonny Crockett a un look très eighties avec une coupe de cheveux et une moustache d’une autre époque et Tubbs a un style plus classieux.

 

Suite à une enquête d’envergure qui tourne mal, le FBI fait appel aux deux détectives et à leur équipe pour infiltrer un important trafic de drogue colombien inondant le marché américain. Une opération extrêmement périlleuse qui projette les deux détectives au cœur du trafic de drogue, entre trafiquants internationaux, financiers occultes, tueurs sans merci et dealers douteux.

 

Ce qui ne pourrait être qu’un buddy-movie de plus, de la trempe des Bad Boys ou Rush Hour, est en fait une œuvre une fois de plus magistrale dans sa maîtrise de l’image, du son, du cadre, de la direction d’acteurs.

 

A l’image de ses œuvres précédentes, Miami Vice témoigne de l’étonnante maîtrise de Mann de son cinéma, notamment lors des prises de vues.

 

Les moyens sont importants, mais ils sont utilisés à bon escient. Pas d’avalanche d’effets spéciaux inutiles, la richesse de l’œuvre de Mann réside avant tout dans la complexité de sentiments qu’il évoque et le style qu’il emploie.

 

Les personnages sont fouillés et non pas caricaturaux comme trop souvent, il effleure du regard le paradoxe de l’homme, la dualité de ses sentiments, confronté ici à son devoir d’un côté et son cœur de l’autre. Comme souvent le cinéaste se sert du système hollywoodien pour en faire voler en éclat les stéréotypes de manière habile.

 

En témoigne la présence de Gong Li, surprenante femme fatale d’une fragilité éblouissante, qui trouve enfin un rôle dans la langue de Shakespeare qui soit à la hauteur de son immense talent.

 

Que ce soit dans la scène de fusillade, encore impeccable et nous rappelant celle éblouissante de Heat, dans les prises de vues nocturnes déjà magnifiques dans Collateral, Mann ne laisse aucun détail au hasard et c’est ce qui fait la réussite de ses films.

 

Si certains esprits chagrins regrettent le manque de constance de l’œuvre, écrasée par son style plus que par son fond, il faut rappeler que même un film « moyen » de Mann se situe bien au-delà du résultat que l’on pourrait attendre d’un faiseur du clan Bruckheimer.

 

Michael Mann possède un style cinématographique classieux, qui s’éloigne de son sujet pour prendre de la hauteur afin d’en révéler son essence la plus pure. Le style d’un déjà très grand.

 

Arnaud Meunier

23/08/2006